Une couverture santé de plus en plus importante de la population
2,5 millions de personnes sans complémentaire santé : ce chiffre peut paraitre impressionnant. Il l’est d’ailleurs lorsqu’on sait l’importance que peut représenter une mutuelle pour une prise en charge optimale des dépenses de santé et un accès aux soins.
Toutefois l’IRDES rappelle qu’il y a plus de 15 ans, ce n’était pas 3,6 % de la population française qui n’avait pas de complémentaire santé mais 14 %.
Cette hausse du taux de couverture s’explique principalement par la loi ANI qui impose à tous les employeurs du secteur privé de souscrire à une mutuelle d’entreprise pour leurs salariés. Ces derniers ont l’obligation de s’y affilier sauf s’ils remplissent les conditions strictes des quelques cas de dispense mis en place par le législateur.
Aujourd’hui, la majorité des salariés du privé sont couverts par une mutuelle d’entreprise ainsi que leurs ayant-droits.
Une harmonisation du statut des fonctionnaires avec celui des salariés en matière de complémentaire santé est actuellement en cours. Elle a débuté avec la Fonction publique d’Etat et s’étendra ensuite à la Fonction publique territoriale et hospitalière comme nous l’avons expliqué dans cet article.
Une absence de couverture santé majoritaire chez les classes sociales plus basses
En regardant les chiffres en détails, on constate que l’absence de mutuelle concerne surtout les personnes qui ont de faibles revenus. En effet, 14,4 % des chômeurs n’ont pas de complémentaire santé. Cela s’explique par le fait qu’ils ne sont plus couverts par la mutuelle d’entreprise de leur ancien employeur et qu’ils n’ont pas le budget nécessaire pour souscrire une mutuelle individuelle.
En effet, après la fin d’un contrat de travail, les anciens salariés ont le droit à la portabilité des garanties de la mutuelle d’entreprise pendant 12 mois au maximum sans que la durée de couverture ne puisse dépasser la durée de leur dernier contrat de travail.
Une fois le maintien des droits expiré, les personnes sans emploi doivent souscrire une mutuelle individuelle pour compléter la prise en charge de la sécurité sociale. Or ils n’ont pas toujours les moyens de le faire ou préfère privilégier d’autres postes de dépenses.
En revanche, les chômeurs de longue durée sont moins concernés par cette absence de couverture. L’arrêt des allocations chômage fait baisser leurs revenus de manière drastique et les conduit en dessous du seuil qui leur permet de bénéficier de la complémentaire santé solidaire (CSS).
Ainsi, alors qu’on compte 20 % des personnes au chômage depuis plus d’un an et moins de deux ans sans complémentaire santé, les chiffres tombent à 7,6 % dès lors que les personnes peuvent bénéficier de la CSS.
Les risques à ne pas être couvert par une complémentaire santé
Le fait de ne pas être protégé par une mutuelle peut être assez problématique car les hospitalisations ou autres problèmes de santé peuvent survenir à tout moment. Or le rôle des complémentaires santé reste primordial pour permettre un accès aux soins à tous.
En effet, les remboursements de la sécurité sociale ne couvrent pas l’intégralité des frais et les restes à charge peuvent être conséquents. La souscription d’une mutuelle discount peut alors être une solution.
De même la réforme 100 % Santé ne s’applique que si les patients ont souscrit une mutuelle puisque les remboursements sont partagés entre la sécurité sociale et la complémentaire santé. Une mutuelle optique reste, par exemple, nécessaire pour bénéficier d’une prise en charge optimale des lunettes et des lentilles.
L’âge et le sexe, des critères qui n’ont pas la même incidence
L’absence de couverture concerne plus la population en âge de travailler que les étudiants et les retraités puisque ces derniers sont respectivement 3,2 et 3,7 % à ne pas avoir de mutuelle. Mais ces chiffres augmentent pour les retraités à faibles revenus qui sont alors 11 % à ne pas être couvert par une mutuelle senior.
Le sexe semble également intervenir car on recense plus d’hommes non couverts (4,3 %) que de femmes (3,1 %). Cette différence augmente lorsqu’on examine le taux de couverture des familles monoparentales : 8,3 % des hommes à la tête d’une famille monoparentale ne sont pas couverts contre 3,7 % des femmes.
Choix de Non-Couverture par Sécurité Sociale et Mutuelle Santé
Un segment non négligeable de la population française opte pour une absence totale de couverture santé, refusant à la fois la sécurité sociale et toute forme de mutuelle complémentaire.
Ces individus, souvent motivés par des convictions personnelles, des raisons économiques ou simplement un pari sur leur bonne santé continue, vivent en marge des systèmes de protection classiques.
Cette décision, risquée mais personnelle, soulève des questions importantes sur l'accessibilité et la perception de la nécessité des systèmes de santé publique et privée en France. Les défis pour ces personnes sont nombreux, notamment en cas de problèmes de santé imprévus, où les coûts peuvent être prohibitifs sans aucune forme de couverture.