Le 5 janvier dernier, la Mutualité Française a publié une étude portant sur 35 mutuelles, soit 18 millions d’assurés. Selon les chiffres obtenus, les cotisations des mutuelles en 2023 vont augmenter de 4,7 % par rapport à 2022.Une augmentation variable en fonction des contrats
L’étude de la Mutualité Française ne porte que sur les mutuelles et ne prend pas en compte les éventuelles hausses de prix des assurances santé. Or un grand nombre d’assureurs ont dû appliquer une augmentation plus importante que les 4,7 % annoncés. C’est pourquoi il est important pour les assurés dont les primes ont subi une augmentation conséquente de prendre le temps de comparer leurs garanties et le montant de leurs cotisations avec d’autres complémentaires santé.
Par ailleurs, il existe également une différence importante au sein des contrats de mutuelle concernant les hausses tarifaires. Ce sont les contrats collectifs qui sont le plus impactés avec une augmentation moyenne de 5,7 % contre 4,1 % pour les contrats individuels. Ce sont donc les actifs qui vont être les plus touchés par cette hausse.
Toutefois, la Mutualité Française précise que cette augmentation a lieu dans un contexte inflationniste assez inédit et qu’elle reste inférieure à l’inflation moyenne enregistrée en 2022, à savoir 5,9 %.
Les raisons de cette hausse des cotisations des mutuelles santé
Plusieurs éléments sont évoqués par la Mutualité Française pour expliquer cette hausse tarifaire appliquée aux cotisations des mutuelles santé :
La réforme 100 % Santé
Cette réforme mise en place progressivement entre 2019 et 2021 est supportée à la fois par la sécurité sociale et les complémentaires santé. Les patients qui ne sont pas couverts par une mutuelle ou une assurance santé ne bénéficie pas de la prise en charge intégrale des dépenses couvertes par cette réforme.
Il apparait que les remboursements sur 2 des 3 postes concernés par cette réforme sont en forte hausse. Ainsi, sur le premier semestre 2022, les mutuelles ont enregistré une augmentation de 10,7 % des remboursements en audition et de 2,9 % en dentaire.
Comme nous l’avons indiqué dans un précédent article, le succès est au rendez-vous pour la réforme 100 % Santé en audition. De nombreux français en ont profité pour s’équiper avec des appareils auditifs, après avoir mis de côté cette dépense de santé pendant plusieurs années faute d’une prise en charge suffisante.
Il s’agit donc d’un poste de dépenses qui est en augmentation croissante depuis 2019 pour les organismes de complémentaire santé. Par ailleurs, l’équilibre financier de la réforme qui devait être atteint avec le recours plus important aux équipements de classe A en optique n’a pas eu lieu, ce qui ne leur a pas permis de contrebalancer les coûts supplémentaires engendrés par cette dernière.
La répercussions des taxes sur les assurés
Selon la Mutualité Française, le poids des taxes sur les contrats santé a été multiplié par 8 en 20 ans.
De plus, la crise sanitaire de ces dernières années a entrainé une taxation exceptionnelle pour compenser les dépenses plus importantes de la sécurité sociale. Ainsi, en 2020 et en 2021, une taxe Covid d’un montant total de 1,5 milliards d’euros a été supportée par les complémentaires santé.
Cette taxe a été justifiée par les pouvoirs publics par la compensation des remboursements moins nombreux pendant les confinements. Or le rattrapage des soins a bien eu lieu par la suite, entrainant une remise à niveau des remboursements effectués par les complémentaires santé.
A cela s’ajoute le fait qu’un transfert de 300 millions d’euros de dépenses de l’Assurance Maladie Obligatoire (la sécurité sociale) vers les complémentaires santé est annoncé pour 2023.
Un résultat neutre ou négatif pour les mutuelles
Les dépenses réalisées par les mutuelles santé en 2021 et en 2022 n’ont pas été couvertes par les cotisations. Ainsi, l’étude de la Mutualité Française annonce un résultat nul pour 2021 (voire même négatif : - 0,2 % des cotisations).
Or les mutuelles ne peuvent pas se permettre d’être déficitaires afin de pouvoir continuer à rembourser les dépenses de santé à hauteur des garanties et à couvrir les frais de gestion nécessaires à leur fonctionnement. Elles se retrouvent donc dans l’obligation de devoir augmenter leurs revenus, à savoir le montant des cotisations.
