Pour apporter des réponses, ou du moins des éléments de réponse, aux proches aidants, aux professionnels de santé et aux bénévoles qui sont au contact des seniors, la ministre déléguée en charge de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a confié au au philosophe Fabrice Gzil, directeur-adjoint de l’Espace de réflexion éthique d’Île-de-France et de l’Espace national de réflexion éthique sur les maladies neuro-évolutives, l’éléboration d’une charte éthique.
Celle-ci a été rendue publique le 2 septembre dernier et est le fruit d’un travail d’enquête et d’échange qui s’est déroulé sur une année.
Pourquoi une charte éthique ?
L’élaboration de cette charte éthique et accompagnement du grand âge prend appui sur trois constats :
Une longévité plus importante
Le vieillissement de la population amène les professionnels de santé à s’occuper de plus en plus de personnes âgées avec des espérances de vie beaucoup plus importantes. La question de la dépendance des seniors est devenue un enjeu public et a des répercussions sur de nombreuses familles.
Que ce soit dans le cadre d’un maintien à domicile ou d’un placement en Ehpad, les proches et les professionnels qui interviennent auprès des personnes âgées en perte d’autonomie peuvent se retrouver face à des dilemmes, des interrogations éthiques, des remises en question.
Ce document a été conçu pour leur apporter une base de réflexion et ainsi les aider à adopter le comportement le plus adapté.
Les attentes des personnes âgées dépendantes
La dépendance n’est pas uniquement intellectuelle. Il est de plus en plus fréquent qu’elle ne soit que physique. La personne âgée concernée par cette perte d’autonomie physique conserve toutes ces facultés intellectuelles.
Elle a alors des revendications légitimes, notamment en ce qui concerne une prise en charge individualisée. Comme le mentionne le document en question, les seniors ne veulent plus être réduits à des objets de soins. Ils se revendiquent, à juste titre, comme des sujets de droits.
Là encore, la charte éthique se veut le reflet de cette demande en donnant aux professionnels de santé et aux proches aidants une structure pour mieux appréhender leurs rapports avec les personnes âgées dépendantes.
Les difficultés mises en lumière par la crise sanitaire
Les conséquences de la pandémie de la Covid-19 ont été importantes pour les personnes âgées, qu’elles soient en Ehpad ou à leur domicile. Outre leur vulnérabilité face au virus, c’est toute une série de questions face à la prise en charge globale des seniors qui a été dévoilée. Des questions éthiques se sont posées entre la nécessité d’isoler et le besoin de contact, entre la compréhension des mesures et leur application, etc.
Ce texte se veut comme un appui pour guider les professionnels et les bénévoles en leur conférant une liste de principes fondamentaux.
10 principes pour sensibiliser et accompagner les aidants au quotidien
La charte éthique et accompagnement du grand âge dévoilée le 2 septembre 2021 pose les principes suivants :
- Reconnaître chaque personne dans son humanité et sa citoyenneté, dans son inaliénable dignité et dans son identité singulière.
- Favoriser l’exercice par la personne de l’ensemble de ses potentialités. Se préoccuper de l’effectivité de ses droits.
- Être à l’écoute de ce que la personne sait et de ce qu’elle exprime. L’informer de façon honnête, adaptée et respecter ses décisions.
- Garantir un accès équitable à des soins et à des aides appropriés. Faire en sorte que la personne puisse bénéficier, au moment opportun, d’une évaluation de sa situation et de ses besoins.
- Protéger le droit pour chaque personne d’avoir une vie sociale, une vie familiale, une vie affective et une vie intime.
- Accompagner la personne de manière globale et individualisée, même lorsque des aides ou des soins importants sont nécessaires.
- Faire en sorte que chacun puisse bénéficier, jusqu’au terme de son existence, de la meilleure vie et de la meilleure qualité de vie possible.
- Respecter dans leur diversité les savoirs, les compétences, les rôles et les droits des familles et des proches.
- Prendre soin des professionnels et des bénévoles, les considérer et les soutenir dans leur engagement auprès des personnes.
- Prendre des décisions informées, réfléchies et concertées, dans l’intérêt de tous.