Le contenu de l’amendement rejeté
L’amendement en cause autorisait les pharmaciens à délivrer des médicaments à prescription médicale obligatoire pour certaines pathologies (maladies chroniques, cystites, angines, etc.). Cette délivrance des médicaments soumis à prescription médicale devait se faire dans le cadre de protocoles conclus entre les pharmaciens et les médecins. Il était motivé par la nécessité de gagner du temps médical.
Cette possibilité de délivrer des médicaments habituellement soumis à prescription médicale est déjà accordée aux pharmaciens dans différents pays. C’est notamment le cas de la Suisse et du Canada.
Il est donc probable que ce type de mesure soit de nouveau proposée dans les années qui viennent, surtout que cet amendement avait reçu l’appui du gouvernement et était défendu par des députés de la majorité.
Cette proposition posait également le problème du remboursement de ces médicaments par l’Assurance maladie et les complémentaires santé. En l’absence de prescription médicale, la prise en charge allait-elle être la même ?
L’avis des différents acteurs
Le gouvernement soutenait cet amendement qui allait dans le sens d’une collaboration accrue des professionnels de la santé entre eux. En effet, la délivrance ne s’effectuerait que dans le cadre de protocoles conclus avec les médecins. Cette collaboration renforcée s’inscrit dans la même optique que la création des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui vise à renforcer le maillage du territoire afin de lutter contre les déserts médicaux et les délais d’attente trop longs.
L’Ordre des pharmaciens est favorable à une telle extension de leurs prérogatives. Il estime que cela permettrait aux pharmaciens de répondre à un besoin quotidien des français sans déborder sur les compétences des médecins.
Quant aux médecins, ils se sont clairement exprimés contre ce projet de délivrance de médicaments. Ils estiment que cela remettrait en cause la totalité des contours des métiers de médecin et de pharmacien. La prescription de médicaments ne peut se faire sans diagnostic médical. Or les pharmaciens n’ont pas la formation adéquate pour porter un tel diagnostic. Une telle mesure leur ferait porter une responsabilité lourde.
Le simple renouvellement de médicaments doit s’inscrire dans un suivi médical qui peut parfois nécessiter des ajustements de posologie ou un changement de médicaments.
Pour les médecins, autoriser les pharmaciens à délivrer des médicaments soumis à prescription médicale revient à nier les compétences des médecins et notamment des médecins généralistes et à confondre les rôles de chacun de ces professionnels.