La loi sur l’autonomie, victime collatérale de la Covid-19
Si une loi a eu un calendrier mouvementé, c’est bien la loi Grand Âge. C’est en 2019 qu’elle devait initialement voir le jour. Mais la crise des gilets jaunes l’a éclipsée.
Reportée à 2020, elle n’a pas pu trouver une place dans l’agenda gouvernemental et parlementaire complétement remanié par la pandémie mondiale de la Covid-19.
A l’heure actuelle, bien que Brigitte Bourguignon reste optimiste sur une présentation d’un projet de loi pour l’été 2021, les propos tenus par Gabriel Attal laissent les acteurs du secteur pessimistes. Il semblerait donc que le sort de la loi Grand Âge soit lié à la sortie de la crise sanitaire actuelle.
Il est alors légitime de se demander si cette loi sera prioritaire face aux difficultés économiques qui se dresseront à la fin de cette crise sanitaire, et qui, pour la plupart, sont déjà présentes.
En effet, cette loi implique un investissement conséquent de la part du gouvernement. En aura-t-il les moyens ou privilégiera-t-il d’autres secteurs ? La question reste ouverte et semble faire débat au sein même de l’Exécutif.
Les enjeux de la loi Grand Âge
C’est un constat sans équivoque : la population française vieillit. Le nombre de seniors ne va faire que croitre dans les prochaines années, rendant ainsi la question de la perte d’autonomie centrale en matière de santé publique. La loi Grand Âge a vocation à poser les fondations d’une réponse gouvernementale que ce soit en matière de financement de la dépendance ou en termes d’attractivité des métiers du secteur.
Le financement de la dépendance
La perte d’autonomie a un coût : diminution des ressources, aménagement du logement, paiement des services (aide à domicile, livraison des repas, etc.), hébergement en Ehpad…
Aujourd’hui, les aides publiques ne sont pas suffisantes. C’est pourquoi de plus en plus de français se tournent vers des contrats individuels de prévoyance comme les assurances dépendance. Ces derniers permettent de percevoir une rente et/ou un capital dès lors que le niveau de perte d’autonomie garanti est atteint.
Mais les associations et les professionnels du secteur réclament une plus grand implication des pouvoirs publics pour le financement des conséquences de la perte d’autonomie. Cela ne passe pas uniquement par des aides publiques mais aussi par des dotations pour les établissements habilités à recevoir des seniors en situation de dépendance par exemple.
La loi sur le Grand Âge doit donc poser les fondations du financement de la dépendance.
Une revalorisation du secteur
Les besoins en professionnels ne vont faire qu’augmenter. Or les métiers de la dépendance ne sont pas attractifs : des conditions de travail difficiles et une rémunération faible, autant d’éléments qui n’attirent pas les jeunes à choisir cette voie. Les risques d’une pénurie de professionnels sont réels. Or sans eux, aucune politique en matière de dépendance ne pourra apporter les résultats escomptés.