Myopie, hypermétropie, astigmatisme, strabisme : quelles différences ?
La myopie est souvent confondue avec d'autres troubles visuels fréquents chez l'enfant, comme l'hypermétropie, l'astigmatisme ou le strabisme. Pourtant, ces pathologies ont des origines et des symptômes bien distincts.
- L'hypermétropie est l'inverse de la myopie : l'enfant voit flou de près mais bien de loin. Cela est dû à un œil trop court, qui focalise les images en arrière de la rétine.
- L'astigmatisme, lui, se caractérise par une vision déformée à toute distance, à cause d'un défaut de sphéricité de la cornée ou du cristallin.
- Enfin, le strabisme est un défaut d'alignement des yeux, qui regardent dans des directions différentes, souvent en louchant.
Si l'hypermétropie et l'astigmatisme peuvent, comme la myopie, être corrigés par des lunettes ou des lentilles, le strabisme nécessite une prise en charge spécifique (rééducation orthoptique, chirurgie...) pour réaligner les yeux et éviter une baisse de vision d'un œil (amblyopie).
Parmi tous ces troubles, la myopie reste le plus fréquent et celui dont la prévalence augmente le plus, notamment chez les jeunes, en lien avec les modifications de mode de vie.
Progression de la myopie surtout chez les jeunes (3-16 ans)
Selon une étude récente, la prévalence de la myopie a augmenté de 10% en quelques années. Cette hausse est particulièrement marquée chez les enfants et les adolescents. Leur mode de vie de plus en plus sédentaire et connecté semble être en cause.
Les écrans, principaux responsables de cette évolution
Les jeunes passent de plus en plus de temps devant les écrans, que ce soit pour l'école, les loisirs ou les relations sociales. Mais la façon dont ils utilisent les écrans favorise l'apparition de la myopie.
En effet, ils ont tendance à les regarder de trop près pendant un long moment mais aussi de les consulter dans un environnement sans exposition à la lumière du jour (le soir dans leur lit par exemple).
Un risque accru d'aggravation de la myopie
Non seulement les écrans favorisent l'apparition de la myopie, mais ils aggravent aussi le risque de développer une forte myopie.
Les cas de myopie supérieure à -6 dioptries sont en nette augmentation chez les jeunes, avec les risques associés pour la santé oculaire à long terme.
Comment protéger ses yeux des méfaits des écrans ?
Pour prévenir la myopie liée aux écrans, il est recommandé de suivre la règle du 20-20-2 : toutes les 20 minutes, regarder à 20 pieds (6 mètres) pendant 20 secondes et passer au moins 2 heures par jour en extérieur.
Limiter le temps d'écran et faire des pauses régulières
Il est important de limiter au maximum le temps passé devant les écrans, en particulier pour les enfants.
Les recommandations sont d'une demi-heure par jour à 3 ans, une heure à 6 ans. Des pauses régulières sont aussi essentielles pour reposer les yeux.
Passer plus de temps en extérieur à la lumière du jour
Pour contrebalancer les effets néfastes des écrans, rien de tel que de passer du temps dehors. Une activité extérieure d'une à deux heures par jour est conseillée par les ophtalmologues. En effet, la lumière naturelle est bénéfique pour le développement de la vision.
Adapter son poste de travail et porter une correction adaptée
Quand on ne peut pas faire autrement que d'utiliser un écran, il faut veiller à bien adapter son poste de travail.
L'écran doit être placé à bonne distance (60-70 cm), légèrement en dessous du niveau des yeux. L'éclairage ne doit être ni trop faible, ni éblouissant. Des lunettes anti-lumière bleue peuvent aussi aider.
L'importance d'un dépistage régulier de la myopie
Avec la hausse de la myopie, le dépistage régulier est plus que jamais essentiel chez les enfants, même en l'absence de symptômes. Les ophtalmologues conseillent un contrôle à 2, 4 et 6 ans pour l'entrée au CP.
Quels sont les premiers signes de la myopie ?
Même si un dépistage régulier est essentiel, il est important de consulter un ophtalmologue dès les premiers signes de myopie d'un enfant. Voici quelques symptômes qui doivent alerter :
- une vision floue ou trouble de loin, que ce soit au tableau à l'école ou devant la télévision ;
- des difficultés à reconnaitre des détails de loin comme les panneaux routiers ou les expressions du visage ;
- des maux de tête fréquents, surtout en fin de journée ;
- des yeux qui piquent ou qui brûlent ;
- une fatigue oculaire ;
- un clignement excessif des yeux ou un plissement des paupières pour mieux voir ;
- une tendance à se rapprocher très près des écrans ou des livres.
Si votre enfant présente un ou plusieurs de ces signes, n'hésitez pas à prendre rendez-vous chez l'ophtalmologue. Plus la myopie est dépistée tôt, mieux elle peut être prise en charge. Un suivi ophtalmologique régulier peut être la clé pour éviter une myopie trop sévère que ce soit à l'adolescence ou à l'âge adulte.
Comment évolue la myopie chez les enfants ?
La myopie de l'enfant est un trouble visuel évolutif qui a tendance à s'aggraver au fil de la croissance. Chez les jeunes, elle progresse souvent rapidement, surtout entre 6 et 15 ans. C'est pourquoi un suivi régulier est essentiel pour adapter la correction.
Sans prise en charge, la myopie d'un enfant peut évoluer vers une forte myopie (supérieure à -6 dioptries), avec un risque accru de complications à long terme comme le décollement de rétine, la cataracte précoce ou le glaucome. Il est donc important de ralentir sa progression dès le plus jeune âge.
Comment freiner ou stopper la myopie ?
Outre l'utilisation de verres correcteurs ou de lentilles de contact qui permet de bien voir mais ne ralentit pas la myopie, il existe aujourd'hui des traitements pour freiner sa progression chez l'enfant :
- l'atropine en collyre à faible dose, à instiller chaque soir ;
- l'orthokératologie qui consiste à porter des lentilles rigides pendant la nuit pour remodeler la cornée ;
- les lentilles à double foyer ou à défocus périphérique, qui corrigent la vision centrale tout en créant un flou en périphérie pour ralentir l'allongement de l'œil.
Ces traitements freinateurs sont d'autant plus efficaces qu'ils sont commencés tôt. Ils doivent être prescrits et suivis par un ophtalmologue.
Associés aux mesures de prévention liées aux écrans, ils peuvent permettre de stopper la myopie d'un enfant, ou du moins de limiter sa progression vers les fortes myopies.
Quelle prise en charge par la sécurité sociale et les mutuelles ?
Les consultations et examens liés au dépistage et au suivi de la myopie chez l'enfant sont pris en charge par l'Assurance maladie. Les lunettes et lentilles de contact sont remboursées sur la base d'un forfait défini selon l'âge et le degré de correction. Ce forfait couvre rarement l'intégralité des frais, d'où l'intérêt d'une complémentaire santé avec de bonnes garanties optiques.
Depuis le 1er janvier 2020, le dispositif 100% Santé permet toutefois d'accéder à des lunettes intégralement remboursées par la sécurité sociale et les complémentaires santé responsables.
- Pour les enfants de moins de 6 ans, cette offre couvre des montures à 30 euros et des verres traitées anti-rayures.
- Pour les 6-16 ans, le prix limite des montures est de 100 euros. Cela permet de réduire significativement le reste à charge sur les équipements essentiels.
Les traitements qui freinent la myopie (atropine, orthokératologie, lentilles spéciales) ne sont actuellement pas remboursés par la sécurité sociale, ni inclus dans le panier 100% Santé.
Certaines mutuelles proposent un forfait annuel pour ces traitements. Mais les montants et conditions varient selon les contrats. Un comparatif peut être utile pour trouver la complémentaire la plus adaptée aux besoins de votre enfant myope.
Face à la hausse de la myopie chez les enfants, liée en grande partie à l'exposition aux écrans, la prévention et le dépistage sont deux leviers essentiels. En adaptant le mode de vie et en surveillant régulièrement la vue, il est possible de freiner cette épidémie.
Rendez-vous chez votre ophtalmologue pour un contrôle et pensez à vérifier que votre complémentaire santé prend bien en charge les soins liés à la myopie, en tirant parti si besoin du 100% Santé.