Pourquoi le 100% Santé fonctionne moins bien en optique ?
Depuis le 1er janvier 2020, le dispositif 100% Santé a été mis en place pour garantir un reste à charge zéro sur certains équipements dont les lunettes de vue. Cependant, son impact semble limité dans le secteur de l’optique par rapport aux prothèses dentaires et aux appareils auditifs.
Le système proposé par le 100% Santé a pour objectif d'améliorer l'accès aux soins en couvrant intégralement certains équipements. Toutefois, la réalité révèle quelques difficultés.
En optique, par exemple, les offres sont souvent perçues comme restreintes et peu attractives par de nombreux usagers. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles le reste à charge zéro fonctionne moins bien dans ce domaine.
La faible diversité des montures et des verres proposés peut en effet amener les patients à opter pour des équipements plus coûteux et donc à sortir de leur poche une somme plus importante.
De plus, un autre élément majeur doit être pris en compte : les mutuelles optiques assuraient déjà un remboursement optimal pour les lunettes, notamment avec l'aide des réseaux de soins. Par le biais de ces réseaux, les patients bénéficiaient d'importantes réductions sur les équipements optiques, couvrant souvent la majorité des frais. Le dispositif 100% Santé en optique n'apporte donc pas une amélioration significative pour la majorité des personnes ayant une mutuelle.
Quelles seraient les conditions d’obtention du bonus financier par les opticiens ?
Les opticiens susceptibles de recevoir ce bonus financier s’il était mis en œuvre devraient remplir une condition importante : 65 % des lunettes vendues doivent être des équipements de classe A (100% Santé) .
Le montant du bonus financier serait de 42 euros par lunettes vendues dès lors qu’elles font partie de l’offre 100% Santé.
Il vise clairement à inciter à la promotion des offres de classe A qui, pour rappel, offrent un remboursement total des équipements par la sécurité sociale et les mutuelles.
La réaction des professionnels du secteur
L’annonce de cet éventuel bonus financier a été réalisée par la publication d’un projet d’avis au Journal officiel alors que les professionnels du secteur avaient été conviés quelques jours auparavant au ministère de la Santé. Ils n’ont donc pas apprécié de n’avoir pas été informés en amont de ce projet d’avis.
Par ailleurs, Ils estiment que le taux de 65% d’équipements de classe A vendu est « "purement et simplement extravagant » (selon Hugues Verdier-Davioud, président de la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF)).
Arnaud Collin, directeur général du Rof (Rassemblement des opticiens de France) qualifie cette proposition de « micro-mesure qui va concerner une très petite minorité d’opticiens ». Il estime que celle-ci peut soutenir certains opticiens installés dans des territoires défavorisés et qui vendent donc principalement ce type d’équipements. Mais elle ne sera pas incitative pour l’ensemble des opticiens, le taux de 65% étant trop élevé.
Tous deux s’accordent sur le fait que d’autres problématiques sont plus urgentes à résoudre dans le secteur de l’optique, comme le délai d’attente pour les rendez-vous auprès d’un ophtalmologiste.